S’ouvrir : pièces de confinement
L’atelier, grotte idéale
L’atelier, grotte idéale
Françoise Miquelis
Novembre 2020
Comment réagir à la période inédite du premier confinement ? Comment l’accompagner ?
Les pièces de cette thématique sont le témoignage de ces deux mois passés à l’intérieur.
L’atelier lieu des reflets et de l’écho du monde, grotte idéale aussi, s’est ouvert à tous entre juin et août 2020.
Je m’étais fixé comme règle de n’utiliser que des matériaux déjà présents avant le début du confinement.
Ne rien y faire entrer de nouveau. Travailler avec les moyens du bord.
Voici un éclairage sur certaines des pièces présentées :
Masque – (cire, lin , structure métallique ) – une incarnation du virus, menace de mort, squelette maléfique qui hante nos nuits confinées.
Breathe – (structure métallique, fil de nylon, matériau végétal, pigment) – cage thoracique rêvée, le souffle que nous appelons tous de nos voeux pour vivre, survivre,
guérir, nous élever aussi.
Nos mots – (technique mixte)- parle des mots qui ont occupé notre espace familial pendant ces deux mois.
Hic et nunc – (vidéo, gant de peau, encre, coton hydrophile)- j’ai regardé en boucle cette petite vidéo trouvée sur internet pendant que j’étais malade et que je ne dormais pas la nuit. Ce soignant de l’autre bout du monde m’a fascinée et bouleversée. Comme un acteur se préparant à entrer en scène pour une tragédie
Shakespearienne, ensevelissant son visage d’ange sous une armure. Si loin et si semblable à nous, à toi, à moi.
Le gant, accessoire emblématique de cette pandémie est ici marqué à l’encre de Chine bleu outremer.
Y’a quelqu’un – (organdi, cheveux, ampoule, fil de cuivre) – cette lampe allumée évoque la présence domestique.
Lorsque l’on passe devant une maison et qu’il y a de la lumière allumée à l’intérieur on se dit « qu’il y a quelqu’un », même quand ce quelqu’un nous est inconnu.
Présence rassurante de l’humain dans sa sédentarité.
Conversation – ( laine, papier, pigments)- cette pièce au centre de l’atelier donne à voir deux formes verticales dans un face à face.
Deux personnages se donnant des nouvelles.
Le matériau qui les compose est la laine venant d’un pull que j’aimais, que j’ai longtemps porté et dont je ne voulais pas me séparer.
Alors qu’il était troué aux coudes ma mère m’a proposé de le raccommoder. J’ai gardé ces deux manches qui sont pour moi comme deux petits portraits.
Ce reprisage est le visage de nos inquiétudes, de notre fragile condition humaine.
Il était important pour moi que chacun vienne seul faire cette déambulation, comme un rendez-vous personnel. Intime.
Une playlist des morceaux qui ont accompagné ce travail était diffusée dans l’atelier.
Les fenêtres ouvertes chaque fois que possible ont aussi joué leur rôle de tympans dans ces jours de silence retrouvé dont les oiseaux étaient enfin devenus les vedettes.
La visite était suivie d’une courte lecture de textes choisis dans Bonds et Rebonds de Jérôme Descamps. Textes écrits pendant le confinement.